Sans Artifices

S’il y a bien un domaine dans lequel le rapport d’une fille à sa féminité se concrétise, c’est la lingerie. L’image de la femme et de son corps dans les médias étant celle qu’elle est, je pense que nos choix de sous-vêtements cristallisent en grande partie la façon dont nous embrassons – ou non – les codes qui nous sont insufflés par la société.

Quand j’étais ado, je ne portais que des soutiens-gorges à coques, voire même un peu rembourrés. Derrière ces disques moulés, qui donnaient à ma poitrine un aspect absolument lisse, rond, perché, conforme, et plutôt plus généreux que la réalité, je cachais les formes naturelles (moins rondes, moins perchées et moins généreuses) que je n’assumais pas du tout. Du haut de ma féminité toute récente, pas encore apprivoisée, bloquer mes seins dans un simulacre pré-fabriqué était très rassurant; j’oubliais ainsi que je ne me sentais pas très belle, pas comme dans les magazines.

soutien-gorge-brassiere

Heureusement, avec les années et la maturité, j’ai fini par détourner mon attention vers des choses plus intéressantes que mes complexes – la vie est trop courte et trop fragile pour que je m’y attarde – et me re-concentrer sur mes envies, sur ce qui me fait plaisir, au lieu de me maintenir dans une logique de camouflage pas très constructive.

J’ai réalisé que je trouvais les soutiens-gorges à coque trop épais, pas forcément très délicats, et surtout, surtout, que je m’y sentais mal, au sens propre comme au sens figuré – comme dans un carcan, ou comme dans un doux mensonge que l’on n’assume plus du tout. J’avais besoin, pour finir de m’accepter, de retrouver le naturel de ce buste que je m’étais caché, à moi la première, en voulant le dissimuler aux autres.

Alors j’ai commencé il y a quelques années à m’acheter des soutiens-gorges à l’opposé de ceux que j’utilisais avant, mais infiniment plus adéquats à mes goûts: des triangles, sans armature, au tissu hyper délicat (dentelle, coton fin…).

Aujourd’hui, je ne changerais pour rien au monde de type de lingerie. Non seulement parce que ces dessous graciles correspondent à ce que j’aime esthétiquement parlant, donc, mais aussi (et presque surtout) parce qu’ils sont pour moi une façon d’arborer fièrement une féminité à mon image.

Sous les pans légers qui la décorent, j’assume ma poitrine au naturel. Une poitrine pas follement profonde dans mes décolletés, pas particulièrement pimpante sous mes t-shirts, pas toute ronde – juste normale, mise en valeur et soutenue pile ce qu’il faut pour être bien tout en restant moi.

En sortant ainsi dans la rue au quotidien, mais aussi en soirée, ou en amoureux, je me donne enfin le droit et l’opportunité, quelque part, d’être appréciée (par moi y compris) au plus proche de mon aspect physique naturel.
Mise en valeur, mais sans invention. Mise en lumière, mais sans artifices.

Ça marche, évidemment.
Évidemment qu’on peut être belle en étant juste soi-même.

Et évidemment, ça fait un bien fou.

soutien-gorge-triangle***

Malgré son côté un peu décousu, j’avais envie de partager cette réflexion avec vous depuis très longtemps, c’est pourquoi je me suis lancée aujourd’hui. N’y voyez pas, de toute évidence, une critique générale aux soutiens-gorges à coques ou à celles qui ne jurent que par les Wonderbra – ce chemin est le mien, en accord avec ma propre façon d’être, et en aucun cas transposable de façon universelle.

Est-ce que ces quelques pensées vous parlent?
Avez-vous senti une évolution de votre lingerie à mesure que votre féminité gagne en maturité?

Soutiens-gorge Oysho

 

63 commentaires

  1. Coucou!
    Je trouve ton billet très intéressant, et ta réflexion très intelligente.
    Je suis une grande accro aux soutien-gorge à coque rembourrés. Parce que j’ai une toute petite poitrine, et qu’avec ces soutien-gorges, sans que ça me fasse une grosse poitrine, je peux avoir un « joli décolleté ». Le problème c’est qu’une fois rentrée chez moi, otant mon soutien-gorge, j’ai l’impression d’avoir triché. Je n’assume pas la forme de mes seins, alors je la cache, je triche… Mais plus ça va, et plus je j’ose sortir de chez moi carrément sans soutien-gorge. Notamment lorsque cela ne se verra pas, du fait d’un haut assez épais ou autre.
    Et pour l’été, je dois bien avouer que ces soutifs à coque, et bien ils tiennent chaud! Alors je choisis de privilégier mon confort à l’esthétique que les autres attendent de moi en tant que femme, et je porte principalement des soutien-gorge fins, sans armature. Et quel différence! Quel confort!
    Il m’a fallu du temps pour en arriver là, et j’ai encore du chemin à parcourir pour assumer ma petite poitrine, mais maintenant, mes sous-vêtements c’est pour mon confort! (et j’avoue porter beaucoup de brassières de sport, mais ça c’est justement parce que le sport sans soutif, ça fait mal! donc confort!)
    Bref, merci pour cet article, qui m’aide et en quelque sorte me soutient, dans mon « combat » pour accepter mon corps tel qu’il est, et assumer le regard des autres!

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