Entre 2015 et 2025, mon utilisation de l’avion a drastiquement changé. De voyageuse enthousiaste, toujours prête à sauter dans le prochain Boeing pour un week-end européen ou à planifier des vacances de rêve sur le continent américain, je suis devenue adepte des destinations locales, fortement portée par l’idée d’éviter les trajets aériens autant que possible – et surtout, de ne plus les normaliser.
Quelle est l’origine de cette évolution, et comment s’est-elle mise en place ? Quelles sont à ce jour mes limites et mes imperfections à ce sujet ? Quelle est la ligne directrice qui guide désormais mes choix de voyage ?
Parce que la question de la mobilité s’annonce absolument essentielle pour l’avenir à mon sens, mais aussi parce que je suis consciente de toutes les difficultés qu’elle suppose (questions pratiques, financières, humaines…), j’ai eu envie aujourd’hui de vous exposer ma situation en toute honnêteté.
En tant que personne émigrée, dotée d’une famille 100% internationale (mes parents et mon frère sont ma seule famille en Europe, le reste est de l’autre côté de l’Atlantique), je rencontre moi-même des problématiques particulières – ce qui ne signifie pas qu’aucun effort significatif ne soit possible.
Sans considérer mon exemple comme un fait universel, et encore moins comme un idéal à suivre, j’espère néanmoins qu’il participera à alimenter des réflexions durables si vous commencez à questionner vous aussi votre rapport au voyage.
REMISE EN QUESTION D’UNE UTILISATRICE FRÉQUENTE
Petite, je ne prenais presque jamais l’avion: l’immense majorité de nos vacances étaient locales (en France et en Belgique surtout, et une fois en Espagne par la route). Les seules exceptions furent trois voyages aux Etats-Unis à mes 2, 12 et 14 ans pour divers événements et séjours familiaux.
Mon recours à des vols plus fréquents a commencé à la fin de l’adolescence, alors que des compagnies comme EasyJet ou RyanAir offraient des tarifs imbattables: après deux séjours estivaux en Espagne entre copines, une relation à distance puis mon installation à Barcelone ont généré beaucoup d’allers-retours entre la Catalogne et la France. Entre mes 25 et 30 ans, j’ai aussi pris l’habitude de faire des escapades régulières en Europe et au Royaume-Uni, car j’avais tout à découvrir: une majorité de ces voyages ont été effectués en avion pour des raisons de gain de temps et de tarifs attractifs. C’est aussi pendant ces années que j’ai souhaité retourner aux US en tant qu’adulte pour partager ce pays avec mon compagnon, et connaître la Colombie, qui fait partie de mon histoire.
Inévitablement, l’avion était devenu un quasi réflexe pour moi: je tenais toujours compte de cette option lorsque j’avais un trajet à faire, et la choisissais volontiers si les conditions étaient plus favorables, sans me poser de questions ! J’ai même accepté à cette époque des voyages de presse impliquant des vols transatlantiques (au Guatemala et au Canada) pour des durées très courtes, sans y voir de mal.
Ma prise de conscience réelle est née à partir du calcul de mon empreinte carbone à l’été 2019: j’ai alors réalisé que malgré une alimentation végétarienne, des choix de consommation responsables (principalement en seconde main) et les modes de transport très peu polluants que j’utilisais dans la vie quotidienne (tram, vélo…), mes trajets aériens étaient LE gros point noir de mon impact environnemental. À cette période, de plus en plus de voix commençaient aussi à s’élever contre l’utilisation trop fréquente de l’avion dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Je suis fondamentalement persuadée que les changements durables de paradigme demandent un peu de temps, car le « travail » du for intérieur ne peut pas se forcer. À l’époque, je me suis donc proposé dans un premier temps de limiter mes trajets aériens de façon modérée: un à deux vols européens par an maximum, et des vols long-courrier limités à tous les 3-4 ans minimum. Mon engagement a été mis en oeuvre immédiatement, par exemple avec mon périple à Glasgow en train en octobre 2019.
L’arrivée de la pandémie en 2020 toutefois, en limitant fortement les possibilités de séjours internationaux, a accéléré mon cheminement: je n’ai pas vraiment souffert de ne pas pouvoir voyager, ce qui m’a amenée à envisager de vivre avec encore moins de vols. Depuis 2020, je ne me suis d’ailleurs octroyé qu’un aller-retour à Glasgow en 2022 (pour des raisons de timing trop serré pour le train). Un seul vol touristique en presque 5 ans, une première depuis longtemps pour moi !
Entre temps, notre adoption de deux grands chiens qui ne peuvent pas prendre l’avion a aussi fini de me détacher de ce mode de transport, puisque je préfère les emmener avec moi en vacances. Nous avons donc recentré notre attention sur la rénovation d’une petite maison en Normandie, qui fait aussi office d’escapade, et sur les séjours en France avec ma famille.
C’est ainsi que j’en suis venue à considérer à nouveau l’avion comme une exception, coûteuse pour la planète, à réserver à des occasions particulières.
QUELQUES NUANCES PERSONNELLES
Si mon rapport à l’avion a évolué de façon durable en théorie, plusieurs points viennent à mon sens nuancer à la fois la profondeur de mon engagement, et sa reproductibilité.
Voici quelques pensées en vrac à ce sujet:
- Il est assez facile pour moi de faire ce renoncement: je n’ai pas de passion particulière pour des régions éloignées du monde, ma famille nucléaire est accessible en train, les vacances tropicales n’ont jamais été à mon goût, et j’ai déjà eu l’immense chance de visiter les lieux qui m’intéressent le plus. Ma frustration est minime, en somme. J’ai aussi la possibilité de contrôler mon temps et travailler de n’importe où, ce qui rend le « slow travel » plus accessible pour moi qu’une personne dont le travail est en présentiel, ou une famille avec enfants. Enfin, je n’ai pas actuellement le budget pour faire des voyages réguliers car les prix ont énormément augmenté, donc la question ne se pose pas ! Je suis consciente que dans d’autres cas de figure, tirer un trait sur l’avion serait potentiellement plus douloureux.
- La question du prix et de la durée reste essentielle. Ces deux facteurs limiteront toujours les possibilités de « mieux faire »: on ne peut espérer des usagers qu’ils/elles choisissent l’option la plus chère ET la plus longue quand des choix plus efficaces existent. Je l’ai fait à quelques reprises lorsque je pouvais me le permettre, mais ce n’est pas toujours le cas. Pour cette raison, il me semble essentiel de soutenir politiquement le développement des lignes ferroviaires, les subventions au train, voire des initiatives facilitant les choix éco-responsables (pourquoi pas par exemple un jour de congé bonus en entreprise pour les personnes qui font des trajets par les rails plutôt que par les airs !).
- Je prends peu l’avion, mais je fais des longues distances en voiture, ce qui n’est pas idéal non plus. Dans notre cas, le choix d’adopter deux grandes chiennes au passé difficile, compliquées à faire voyager en train, et le manque d’options sur place pour se déplacer avec elles réduisent nos options à cette seule alternative. Nous utilisons un véhicule hybride, mais l’impact sur des longues distances peut malgré tout s’approcher de celui d’un vol court, et j’en suis tristement consciente ! Là aussi, le développement de l’offre (je rêve par exemple de wagons dédiés aux propriétaires de chiens, de toutous acceptés dans davantage de lieux…) serait essentiel pour faire changer les choses. Pour l’instant, je suis bloquée !
- Lorsque l’on a comme moi un entourage international dispersé entre l’Europe, les Etats-Unis et l’Amérique du Sud, il est impossible d’éviter l’avion à 100%. En toute franchise, j’ai même un peu regretté mes choix écologiques lors de notre dernière réunion familiale aux Etats-Unis: ma grand-mère était décédée, mes plus jeunes cousins étaient devenus adultes, et tout cela sans que je ne fasse partie de leur vie depuis plusieurs années. Le temps passe malheureusement trop vite: ce constat et ma conscience écologique sont en perpétuel tiraillement dans mon esprit. Avec les années toutefois, il me semble de plus en plus essentiel de ne pas perdre trop d’opportunités de voir mes proches malgré la pollution que cela engendre, car personne n’est éternel: je dois trouver un juste équilibre.
- À ce jour, le traffic aérien continue d’augmenter, et les vols décollent même lorsqu’ils sont presque vides – notamment grâce aux aides publiques accordées aux compagnies aériennes. En étant réaliste, mon choix de ne pas trop prendre l’avion est probablement plus symbolique que réellement impactant dans la réduction de la pollution. Qu’on le prenne ou non, l’avion va quand même voler ! Comme pour l’ensemble du combat écologique en général, au-delà des gestes individuels, je crois donc que l’obtention de vrais changements au niveau politique est primordiale – et cette lutte systémique tout aussi importante, voire plus, qu’un choix ponctuel de trajet. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est important de sensibiliser l’opinion publique, afin de créer une pression envers l’industrie et les décisionnaires.
MON ÉTAT D’ESPRIT AUJOURD’HUI
En tenant compte à la fois de mes facilités (que je suis prête à exploiter au maximum) et de mes limitations inévitables, ma charte morale vis à vis de l’avion ressemble aujourd’hui à ce qui suit.
- Privilégier toujours les destinations proches ou accessibles sans avion. Quoiqu’il arrive, c’est ma règle numéro un: pour mes escapades de loisir sans occasion particulière, je tiens à rester sur une échelle régionale. J’ai encore plein de lieux à explorer en France et en Europe (notamment l’Allemagne, l’Europe de l’Est, l’Europe du Nord, le Royaume-Uni…) et je me contenterai volontiers de ces découvertes plus locales accessibles par le train ou par la route lorsque j’aurai l’occasion de voyager.
- Réserver mes quelques trajets en avion aux réunions avec les gens que j’aime. Si la configuration intercontinentale de mon entourage n’est pas de mon ressort, je peux en revanche faire le choix de ne pas ajouter de vols purement touristiques à ceux que je dois inévitablement emprunter de temps à autre pour leur rendre visite, afin de ne pas alourdir encore plus mon bilan carbone. Je suis prête pour cela à limiter mes trajets en avion à la seule fin de retrouver ma famille ou mes proches d’autres pays.
- Me limiter à un vol tous les 2-3 ans en moyenne. Même si bien sûr j’adorerais voir mes proches géographiquement éloignés chaque année, c’est impossible financièrement, et beaucoup trop polluant: il me semble plus raisonnable de prendre l’avion une fois tous les 2-3 ans. Certains membres de la famille ou copains peuvent parfois faire le déplacement vers Amsterdam, ce qui augmente légèrement la fréquence de nos retrouvailles malgré tout !
- Conserver la possibilité d’un beau voyage tous les 10 ans environ, par exemple pour visiter une contrée lointaine inaccessible autrement, dans le cadre d’un périple longuement rêvé et préparé… si le besoin s’en fait ressentir. J’imagine par exemple ce genre de grande occasion pour les anniversaires de dizaine (40 ans, 50 ans…).
- Continuer à soutenir les politiques engagées dans la transition écologique des transports. À titre personnel, je vote depuis des années pour les partis qui font des propositions courageuses pour la transition écologique; limiter le développement du secteur aérien et soutenir les alternatives moins polluantes fait partie à mes yeux des urgences pour l’avenir. Je partage aussi ces opinions sur mes réseaux sociaux, et malgré la violence que j’ai pu subir dans le passé, je continuerai coûte que coûte à le faire – tout comme la diffusion de contenus informatifs autour de l’impact de l’avion, ou de ses alternatives.
Ce n’est pas parfait, loin de là, mais c’est mieux que rien. Bien sûr, ces paramètres seront ajustables différemment selon chacun.e, souvent avec un bien meilleur résultat que le mien: je crois que l’essentiel consiste dans tous les cas à faire du mieux possible selon sa situation – et surtout, se remettre régulièrement en question.
Sans tomber dans la culpabilisation à outrance, qui n’a pas lieu d’être à mon sens pour la majorité de la population, j’invite néanmoins les usagers fréquents de l’avion à cette prise de conscience: nous avons tou.tes un rôle à jouer, et au vu de la part représentée par les transports dans l’empreinte carbone des Français.es, une vraie différence est possible.
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Votre rapport à l’avion a-t-il changé ces dernières années ?
Si non, imaginez-vous le voir évoluer ?
Source des images: pexels.com
15 commentaires
Hello Victoria, merci beaucoup pour ce témoignage que je trouve très intéressant et qui fait écho à mes réflexions. Ces derniers jours, j’ai beaucoup de frustrations (plein d’ami.es partent en vacances en soleil et moi je suis très limitée avec ma semaine de vacances et ma volonté de ne pas prendre l’avion), ça fait du bien de lire ça. Et super de recommencer à publier plus fréquemment sur le blog, je savoure !
Hello Victoria,
Merci pour cet article honnête.
Je questionne aussi ces dernières années mes moyens de mobilité, notamment le recours à l’avion, option que j’ai pu choisir sans trop y réfléchir par le passé.
Je suis tiraillée entre la volonté de faire des choix plus vertueux, et d’autres réalités : des choix et engagements professionnels qui me conduisent parfois à prendre l’avion, une partie de ma famille « nucléaire » loin et mal desservie par le train, les déséquilibres de plus en plus flagrants en terme de temps de voyage + coûts entre le train et l’avion, et une indéniable soif de voyage et de découvertes, partagée avec mon compagnon.
Mon équilibre actuel consiste à tâcher de privilégier le train (mais aussi la voiture) dès que possible, et les voyages locaux, pour essayer de réduire au maximum ma « consommation » de l’avion. Je suis cependant loin du « zéro avion », et il est parfois difficile de trouver la balance entre mes aspirations et la pointe de culpabilité que je ressens désormais à chaque vol.
Work in progress, comme dans beaucoup de domaines :)
Merci pour cet article, c’est toujours intéressant de voir la réflexion des autres sur ce sujet.
Personnellement j’ai décidé de ne plus prendre l’avion, à part exceptionnellement et pour des temps de séjour que je considère suffisamment long. Je n’ai pas pris l’avion depuis 2018 par choix, je fais donc tout en train ou en voiture. Avant 2018, j’ai aussi fait plusieurs aller-retours au Royaume-Uni et en Espagne sans me poser trop la question de l’impact environnemental de ces trajets.
Forcément il y a des moments où j’ai aussi envie de voyager et de fermer les yeux sur les conséquences de ces trajets en avion. Mon entourage n’a pas forcément les mêmes engagements que moi en matière d’écologie et faire ces sacrifices me paraît parfois un peu inutile… Donc lire des articles comme ça me conforte dans mes choix et me rassure pour l’avenir! :)
Bravo pour ta franchise Victoria ! L’équilibre entre conviction et réalité est une question que je me pose constamment et qui évolue aussi en fonction des changements de ma vie… au cours de ma vie j’ai en réalité assez peu pris l’avion à l’exception d’une période de 3 ans durant laquelle mon travail et mes parents se situaient en Arabie Saoudite. À cette période, pour des raisons de visa, j’ai dû prendre l’avion une vingtaines de fois… mon retour en Europe a marqué la fin de cette épopée et je suis monté dans un avion pour la dernière fois en 2020. Je me rappelle très bien de la légèreté avec laquelle je prenais ces avions, inconsciente du mot « impact écologique »; cumulé avec un mode de vie sur place très loin des préoccupations écologiques et très axée sur la consommation, je suis parfois atterrée quand j’y repense. Aujourd’hui j’ai la chance de vivre au Luxembourg, un pays où tous les transports en commun sont gratuits. Ça change tout. Je fais la quasi totalité de mes trajets en bus et en tram. Ma situation familiale a aussi changée: je suis devenue maman, mes parents sont revenus en France et depuis le COVID je partage ton opinion sur le manque de frustration lié aux voyages. Pour aller voir nos parents dans le sud ouest de la France, avec mon fiancé nous essayons de privilégier le train; mais le prix des billets cumulés aux faits que ces transports ne sont pas adaptés aux jeunes enfants nous rebutent parfois. Je rêve aussi de compartiments adaptés et de prix moins chers. Si le train n’est pas possible alors nous effectuons ce trajet en voiture, ce qui est loin d’être idéal aussi. Nous nous marions en septembre et pour la 1ere fois en 5 ans, nous envisageons de prendre l’avion afin de prendre une semaine de congé sans les enfants… la réalité des dates (rentrée scolaire et rdv médicaux importants) font que l’avion est la seule option réaliste pour nous. Au quotidien, ayant la chance de le vivre, je me rend compte que la politique sera essentielle pour faire changer les mentalités : gratuité des transports, aide aux trains, adaptation des environnements… je suis consciente que je ne suis pas parfaite mais j’envisage l’avenir assez positivement : mes filles vont grandir et prendre le train sera de + en + facile, je n’ai pas besoin de voir le mont Fuji pour me sentir « réalisée » .
Bonjour Victoria,
Merci pour cet article particulièrement intéressant et nuancé.
Je ressens aussi ce tiraillement entre engagement écologique, et contraintes temporelles et financières qui peuvent me pousser à prendre l’avion de temps en temps.
Il est aussi assez déprimant de constater que l’empreinte écologique du voyage reste un non sujet pour beaucoup, et comme tu le dis, sans décision politique forte sur le sujet, les actions individuelles semblent parfois un peu vaines.
Aussi, en ayant eu la chance de voyager dans plusieurs pays d’Europe et aux Etats-Unis pendant mon enfance et mon adolescence, je me dis souvent que ma décision de réduire l’avion est un peu facile voire « hypocrite », car j’ai profité de l’avion pendant plusieurs années et comme tu le dis, eu la chance de découvrir les endroits qui m’attiraient particulièrement.
En tout cas cette réflexion est passionnante et cela fait plaisir de voir des « créateurs de contenu » aborder ces sujets souvent sensibles.
Bonjour Victoria,
Déjà un nouvel article: Youpi!!
Des commentaires et ton article, j’ai l’impression que nous avons en général une même vision des choses.
Je n’ai pris que peu l’avion dans ma vie, et le plus loin où je suis allée est les Îles Canaries pour 2 semaines de voyage de Noces. Les autres fois: un week-end à Berlin (avec le travail), une semaine en Tunisie et une semaine au Portugal.
En moyenne, 1 voyage / 10 ans, ça va je pense!
J’avais pour but de partir faire le voyage de mes rêves à Hawaii pour mes 40 ans. Le Covid est passé par là. Et certaines peurs (c’est loin, je serais la seule à devoir assurer en anglais…) donc j’ai décidé de me rabattre pour mes 45 ans sur un voyage combiné Réunion/Maurice (normalement d’ici la fin de cette année).
Dans l’absolu, j’aimerais aller aux Etats-Unis avec mes enfants, ce qui se fera en avion, mais ce n’est pas pour demain. Je n’ai pas d’autre ambition de « grand voyage » sinon.
Ma famille n’est pas (trop) éclatée, j’ai déjà visité des endroits pas mal en train et/ou voiture, forcément, ça aide.
Mais il est vraiment à noter que le voyage en train n’est pas facilité: nous voulions aller à 6 (2 adultes et 4 enfants) au Futuroscope, on a droit à 25% de réduction par an grâce à son employeur – en théorie.
Dans les faits: on se rend à la gare eh bien non, le quota était déjà atteint sur ce trajet (!!) et le prix s’élevait à 1000 € si je ne me trompe pas (2 enfants avaient tout juste plus de 12 ans). Donc on y est allés en voiture, ce qui laisse aussi plus de libertés, il faut bien dire ce qui est.
Notre seul problème actuellement: planifier d’acheter une autre voiture 7 places car la plus « petite » commence à être serrée dans la voiture que nous avons depuis une dizaine d’années…
Vivement que ce problème soit pris au sérieux et que de véritables alternatives, tant pratiques que financièrement abordables, soit proposées…
Le gros débat de ma vie: l’avion.
Je suis loin d’être parfaite en terme d’écologie, par exemple, je ne suis pas végétarienne (mais je ne mange de la viande que une à deux fois par semaine). Mais comme toi j’avais fait le calcul de mon empreinte carbone, et malgré le fait que je ne me déplace au quotidien qu’à pied, que je lave mon linge à l’eau froide, que je bois l’eau du robinet, que je n’achète que de la seconde main, etc, etc. L’avion me classe dans les GROS pollueurs.
Je prends l’avion pour des long-courriers au moins 3 fois par an. L’année dernière 4 fois. Et je le fais en conscience du prix. Mais voilà. Je suis émigrés en Corée du Sud, ma famille est dispersé en Europe et je voyages pour le travail (j’écris ces lignes depuis New York où je suis en déplacement UNE SEMAINE). Pour moi, abandonner l’avion cela signifie abandonné mon travail que j’adore (et ma source de revenu), quitté ma vie à Séoul où je suis tellement heureuse OU ne plus voir mes parents au moins une fois par an. Ce qui me semble impossible car comme tu le dis, le temps avec les siens est important. J’ai par exemple pris l’avion une fois de plus l’année dernière car mon frère est devenue papa pour la première et que cela me semblait INCONCEVABLE de ne pas être là.
Je ne suis pas prête à tout abandonner pour l’avion, surtout quand je sait que une grosse partie du traffic aérien c’est du traffic de marchandises (B2C et B2B). Que les vols partent qu’ils soient plein ou pas. Que les états subventionnent le développement de l’avion y compris pour des vols domestiques (que l’on ai des vols Séoul-Busan, alors que ça se fait en 2h de TGV me tue). Cela me donne l’impression que mon sacrifice est trop gros par rapport à la goutte d’eau que cela représenterait. Peut-être que je me ments pour me donner bonne conscience. Je ne sais pas. Je vais continuer mes efforts sur tout les autres aspects de ma vie, mais je pense que l’avion continuer à être ma croix personnelle pendant un petit moment.
C’est drôle que tu publies cet article aujourd’hui :
Je suis enseignante dans un lycée et ce soir lors du conseil d’administration, un voyage à l’étranger proposé aux élèves d’une option internationale a été présentée.
Le transport (en avion) a été questionné puis justifié : le train et le bus sont x2 plus chers.
L’établissement regrette d’imposer cette solution mais elle garantie à toutes les familles de participer au voyage linguistique, même si écologiquement c’est très discutable. Le paradoxe entre le moyen de transport et le label « éco-lycée » sera expliqué aux élèves.
C’est un vrai problème, les coûts de transport routiers ne cessent d’augmenter et représentent entre 1/2 et 2/3 du budget des voyages scolaires. Mais mettte des classes dans des avions me rend profondément triste, alors que l’état devrait subventionner un transport respectueux de l’environnement pour ses élèves !
La solution qu’on a trouvé avec les collègues : partir moins loin, moins souvent. Malheureusement le prix des bus varient très peu entre une courte et une longue distance … mais cela va changer si on re-sollicite ce transport !! Au delà de l’éducation des élèves vis à vis des vertues du paysage qui passent, de l’ambiance du bus et de l’échelle temporelle des distances qui est observable…
Si tous les voyages scolaires à l’étranger se passent en EasyJet on pourra dire que l’éducation nationale sponsorise le transport aérien et ça… c’est pas possible 😵💫
(1 voyage à l’étranger pour 2 classes en avion par lycée par an, ça fait 262 500 élèves. 1312 avions de 200 places. Par an.)
Donc même constat que le tiens, engagement similaires (découverte du patrimoine local et des pays frontaliers) aux exeptions près qui limitent les regrets quand l’alternative n’est pas envisageable.
(Rolala désolée pour les fautes mon correcteur de telephone repasse derrière moi c’est insupportable. Pour de vrai je suis une prof qui écrit bien !)
Salut,
Comme beaucoup ici je suis contente de te voir poster plus souvent (surtout que je ne suis pas sur IG ou autre, égoïstement ça m’arrange !).
Et également comme toi et beaucoup d’autres :) je me pose des questions sur mes déplacements, et mon empreinte carbone dont l’essentiel provient de mes voyages en avion.
Je ne mange quasi pas de viande, consomme local, nous n’avons qu’un ordinateur perso, pas de tablette ni de télé, pas de voiture etc.
Mais mes parents et ma belle famille vivent à la Réunion, et mes parents approchent les 80 ans et ne sont pas en bonne santé. Difficile pour moi d’envisager ne les voir que tous les 2 ou 3 ans je ne sais jamais si ce n’est pas la « dernière fois »
Comme toi je pense également que le changement sera surtout politique et qu’à notre niveau c’est un choix qui finalement aura peu d’impact sur le global. Hormis par le vote :)
En tout cas merci de tes articles !
Merci beaucoup Victoria pour tes articles ! Comme d’autres personnes l’ont déjà mentionné, n’étant plus présente sur les réseaux sociaux, j’apprécie encore plus d’avoir de tes nouvelles sur le blog ! J’adorerais que les blogs reviennent à la mode, c’est tellement agréable d’avoir un article long, construit et argumenté !!
Ta réflexion autour de l’avion est très intéressante et pertinente. Aujourd’hui, on est nombreux à avoir de la famille ou des amis qui habitent très loin, et dans ce cas-là, difficile de se passer de l’avion et de faire une croix sur ces relations si importantes pour nous… J’ai la chance d’avoir tous mes amis et ma famille en France donc ce problème ne se pose pas pour moi. Depuis 2020 j’avais décidé de ne plus prendre l’avion mais j’ai craqué cette année quand ma copine m’a proposé de l’accompagner en voyage au Québec pour visiter un ami à elle… Le Canada était sur ma liste d’exception pour l’avion, avec le Japon. Cette décision m’a quand même beaucoup travaillée, étant engagée dans l’écologie, j’étais face à une grosse dissonance cognitive et j’ai beaucoup culpabilisé… D’autant plus que comme toi, durant ma jeunesse, pas encore consciente des problématiques liées à l’avion, j’en ai usé et abusé pour visiter de nombreux pays en Europe… je suis donc mal placée aujourd’hui pour faire la leçon aux personnes qui prennent l’avion, en ayant déjà bien profité moi même, parfois même pour des vols à l’intérieur de la France, ou en Belgique…
Malgré tout, je pense que l’important est de faire ses choix en toute conscience et en essayant d’être le plus responsable possible. Cela permet également de se dire qu’on a pas forcément besoin de partir à l’autre bout du monde pour vraiment profiter de ses vacances. J’aime beaucoup aussi l’idée qu’un voyage en train, peut être plus cher et plus long, fasse vraiment partie du voyage et soit considéré comme une petite aventure en soi !
Merci encore pour cet article et au plaisir de te lire bientôt sur le blog :)
Merci énormément de souligner largement la dimension politique de tout ça. Je me sens mentalement épuisée par la charge mentale qu’on jette sur les citoyens lambda, quand 1/ beaucoup de choix de vie/consommation sont rendus difficiles par des politiques publiques nulles (SNCF, à nous de vous faire préférer le train, mais on va faire plus cher, plus long, moins pratique que l’avion, mais super ouais!) et 2/ toutes les actions à notre échelle sont peanuts comparées aux grands pollueurs (je parle autant des entreprises internationales qui promeuvent un mode de vie ultraconsommateur, comme la fast-fashion ou les gadgets à bas prix sans aucune éthique humaine ou environnementale, que des individus ultra-riches qui polluent plus qu’un pays entier en quelques mois). Je suis émigrée sur une île européenne absolument pas connectée par un tunnel ou un pont, et des connections ferry pas très pratique. Ma famille est aux 4 coins de la France, mes amis aux 4 coins du monde, les visites locales deviennent vite monotones vue la taille du pays et sa diversité éco-culturelle, et avec ma mère qui a souffert d’un cancer l’an passé, ça devient casse-tête quand il faut décider de quoi faire de son temps libre. Mais j’ai toujours en tête ma responsabilité personnelle (même si je suis vite plongée dans une grande colère). Et je pense aussi au sur-tourisme, dans le cadre de mes envies de voyage (qui est aussi écocide que dangereux pour les cultures locales). Le nombre de fois où je me suis tâtée à déménager pour un lieu mieux connecté aux lieux de vie de mes proches…
Bref, merci de ta réflexion et ta subtilité intellectuelle (comme toujours) qui fait que tu sais ne pas te poser en exemple absolu ni en chantre de quoi que ce soit, mais comme une voix réfléchie à un dialogue global. Et pour ta conscience politique.
Et comment sont vos relations au niveau personnel?
Après plusieurs déceptions dans mes relations avec mes pairs, j’ai réalisé que je voulais quelque chose de différent. Je suis tombé par hasard sur la fonctionnalité rencontre femme mature et j’ai décidé de l’essayer. C’est une expérience complètement différente ! La communication est devenue facile, sincère, sans drame inutile. Les femmes plus âgées ont confiance en elles, savent ce qu’elles veulent et apprécient les relations. Grâce à un site de rencontres, j’ai rencontré une femme avec laquelle nous avons immédiatement entamé une conversation profonde et intéressante. Maintenant, j’apprécie ce nouveau format de communication.
Soutenir les alternatives et encourager les politiques favorisant une mobilité durable. Je veille à privilégier le train, même si cela implique plus de temps et d’organisation, et je milite pour que les transports en commun soient plus accessibles et performants.